Le LOF, qu’est-ce que c’est ?
On entend souvent parler du LOF comme un simple bout de papier inutile et vide de sens par rapport à l’amour que l’on porte à son chien. D’autres le mettent sur un piédestal et ne jurent que par lui. Mais qu’est-ce que le LOF, véritablement ?
« LOF » signifie « Livre des Origines Françaises ». Il s’agit d’un registre créé en 1885 dans le but de répertorier les races de chiens ainsi que leurs origines afin de les préserver. Seuls les chiens inscrits dans ce registre peuvent bénéficier de l’appellation « chien de race » ou « pure race » car ils auront été reconnus conformes au standard de la race à laquelle ils appartiennent (cf. standard du bouvier bernois).
Pour être inscrit au LOF, il existe plusieurs moyens :
– l’inscription « au titre de la descendance », le plus fréquent. Les parents du chiot sont inscrits et confirmés au LOF, le chiot peut donc être inscrit au LOF par filiation si la saillie a été déclarée par l’éleveur, la portée inscrite à la SCC (Société Centrale Canine) et les chiots identifiés ;
– l’inscription « à titre initial ». Il est possible de présenter un chien non LOF auprès d’un juge afin qu’il vérifie sa conformité avec le standard. Cette voie est très difficile car il est rare qu’un chien non LOF possède toutes les caractéristiques de la race et le jugement est strict afin d’éviter les dérives ;
l’inscription « au livre d’attente », dans le cas où il y aurait une surpopulation de la race. Après 3 générations, le chien pourra être inscrit au LOF ;
– l’inscription « au titre de l’importation », dans le cas où l’on veut faire confirmer en France un chien qui a été importé et préalablement inscrit à un registre étranger.
Ces inscriptions sont provisoires, l’inscription définitive ne pouvant se faire qu’après un passage devant un juge (lors d’une exposition canine) qui attestera de la bonne conformité du chien à sa race, dès son âge adulte et sans limite dans le temps. Pour le bouvier bernois, la confirmation peut se faire à partir de 15 mois. Ainsi, un chien qui est inscrit et confirmé au LOF peut obtenir son pedigree, document officiel qui atteste qu’il correspond bien au standard de sa race. Il a par la suite la possibilité de devenir un reproducteur LOF reconnu pour ses qualités.
Quel intérêt à acheter un chien inscrit au LOF ?
Quand on souhaite prendre un chien seulement pour la compagnie, on peut se dire que LOF ou non, peu importe. On l’aimera de toute façon de la même manière et il faut bien reconnaître que les chiens LOF sont beaucoup plus chers que les non LOF. Alors quel intérêt ?
Tout d’abord, acheter un chien LOF, c’est s’engager dans une démarche de respect de la race, du métier d’éleveur et de la santé du chien. Investir auprès d’un professionnel, c’est cautionner un travail de sélection précis et agir pour le développement positif de la race. Un éleveur sérieux fait de la reproduction par passion, par désir de pérenniser une race et d’en améliorer tous ses aspects : faire baisser le taux de consanguinité, augmenter la longévité, limiter les risques de maladies génétiques, conserver des caractères agréables, préserver l’apparence physique de la race, etc. Sauf que pour pouvoir étudier une lignée en observant ces critères, il faut avoir une traçabilité et une transparence des informations. Ceci n’est possible que si les reproducteurs sont LOF puisque c’est le pedigree qui apportera une partie des réponses nécessaires à une reproduction maîtrisée et réfléchie. Acheter un chien LOF apporte aussi alors l’assurance d’avoir un chien dont l’aspect et le caractère correspondent aux attentes que l’on a d’une race, pour qu’elle soit adaptée à notre environnement et à notre rythme de vie, à nos goûts et à notre propre caractère.
Le LOF est donc une base dont doit découler tout un travail de sélection indispensable à la préservation d’une race. Chaque race a son lot de maladies récurrentes et c’est à l’éleveur de minimiser les risques par ses choix de reproduction. Dans le cas du bouvier bernois, il est fondamental de se préoccuper de la dysplasie des hanches et des coudes, du sarcome histiocytaire et de la myélopathie dégénérative. La longévité moyenne de la race ne faisant que chuter (7 ans), il est aussi primordial de se concentrer sur des lignées dont les sujets dépassent cette moyenne d’âge. C’est pourquoi le LOF doit mener à ce genre de réflexion pour protéger la race et faire en sorte que nos chiens aient une meilleure qualité de vie sur le long terme. Si rien n’est fait, les maladies vont continuer d’avancer, la longévité de baisser et la race ne ressemblera plus à ce qu’elle est aujourd’hui sur tous les plans.
Concernant le prix d’achat, un bouvier bernois coûte généralement entre 1000 et 1600€ chez un éleveur sérieux alors qu’on peut trouver des bouvier bernois non LOF entre 200 et 800€ chez des particuliers. Une sacrée différence de prix qui se justifie ! Une portée non LOF représente peu de frais pour un naisseur qui n’a pas fait tout le travail de sélection que ferait un éleveur sérieux (qu’il soit particulier ou professionnel) et qui n’a pas de taxes et impôts à payer. Pour lui, c’est donc une opportunité de se faire de l’argent facilement puisque ce sera plus rentable que s’il avait dû apporter toutes les garanties indispensables pour le bien de la race. A contrario, un éleveur produisant du LOF qui aura mis toutes ses connaissances et ses compétences à profit aura peu de bénéfices (voire parfois des déficits) même s’il vend ses chiots le double.
Opter pour un chiot non LOF va forcément inciter les reproductions sauvages et la vente de chiens pour l’argent avant la santé. Beaucoup de trafics fleurissent à cause du succès de ces chiens « vendus au rabais ». Tant qu’il y aura des acheteurs désinformés, il y aura de mauvais vendeurs ! Afin de limiter les abus, une nouvelle loi a d’ailleurs été mise en vigueur à partir du 1er janvier 2016. Aujourd’hui, un numéro de SIREN est obligatoire pour la vente légale de chiots non LOF dès la première portée, sous peine d’une amende de 7500€. Mais c’est à tout un chacun de se renseigner au maximum pour éviter d’être acteur de ces dérives.
En achetant un chiot LOF, on prouve donc que l’on aime sincèrement la race en s’investissant dans sa préservation et on aide les éleveurs à poursuivre leur travail de sélection dans le bon sens. Ce n’est pas indispensable de faire confirmer son chien au LOF mais c’est souvent une reconnaissance du travail de l’éleveur qui a le plaisir de voir ses chiens récompensés.
Les dérives du LOF
Si le LOF est une base importante dans la reproduction, ce n’est qu’un simple outil qui permet d’étudier les lignées avec une visibilité plus large et plus complète. Il n’a évidemment aucun intérêt s’il n’est pas utilisé correctement en fonction des renseignements qu’il révèle sur une lignée. Comme dans tout métier, il existe des bons et des mauvais éleveurs. Certains particuliers peuvent également être aussi recommandables que des éleveurs, malheureusement c’est un fait qui s’avère extrêmement rare…
Pour prendre un exemple concret, il existe encore deux types de vente qui ne mettent pas le LOF en valeur : les animaleries et les salons du chiot. Aucun éleveur sérieux n’accepterait de se prêter à ce jeu pour vendre ses chiots pour diverses raisons. En animalerie, l’éleveur ne verra jamais les acheteurs et ne pourra donc pas les sensibiliser sur la race, ses besoins, son caractère, etc. Il ne pourra pas non plus assurer un suivi de ses chiots. De plus, un chiot qui grandit derrière une vitre ne peut pas être socialisé correctement puisqu’il aura peu de contact avec ses congénères, peu de contact avec les humains (hommes, femmes, enfants) et aucune adaptation avec un milieu familial (bruits de la maison, de la famille, du quotidien). La réalité des animaleries est bien plus dramatique car elles cachent souvent des élevages intensifs, des chiens étrangers importés illégalement, des faux papiers, des conditions d’hygiène et de santé déplorables pour les reproducteurs, des chiots malades, etc.
N’importe quel élevage, n’importe quel particulier peut tout aussi bien se contenter du LOF pour promouvoir son image et convaincre ses clients que les chiens sont sains et qu’ils apportent des garanties grâce à leurs pedigrees.
Comment bien choisir son élevage ?
Tous les élevages ne se valent pas et le LOF est loin d’être le seul critère de qualité. Le plus important est de se renseigner un maximum sur la race, les différents éleveurs et leurs garanties. Un éleveur sérieux n’a rien à cacher ! Généralement il est très content de pouvoir échanger sur la race et en dire le plus possible sur ses chiens. Ce partage va dans les deux sens, il aimera également en savoir le plus possible sur les potentiels adoptants pour vérifier que ses bébés seront dans une famille adaptée à la race. Il ne faut pas oublier que l’éleveur consacre tout son temps à ses chiens, qu’il travaille 24h/24 et 7j/7, qu’il ne part pas en vacances, etc. Certains indices peuvent nous mettre la puce à l’oreille pour arriver à déterminer si l’éleveur est digne de confiance ou non.
Ce qu’il faut favoriser :
– l’éleveur vous invite à venir découvrir entièrement l’élevage, à rencontrer la maman de la portée qui vous intéresse et le papa s’il est aussi à l’élevage ;
– il ne produit pas plus de 2 races, il est donc spécialisé ;
– il est capable de vous montrer tous les tests de santé des chiens ;
– il ne laissera pas partir son chiot lors de votre première rencontre ni uniquement contre un chèque, sans se soucier de votre mode de vie ;
– il demande à avoir des nouvelles régulières du chien ;
– il assure un suivi gratuitement à vie et il souhaite récupérer le chien en cas de problème ;
– si le feeling passe entre vous et lui, c’est aussi un signe positif !
Ce qu’il faut fuir :
– l’éleveur est évasif et ne vous montre qu’une partie de l’élevage ou du cheptel ;
– l’environnement vous fait douter du respect des normes d’hygiène ;
– il produit de nombreuses races (la quantité prime donc sur la qualité) ;
– il ne vous montre pas les tests de santé et trouve des excuses ;
– il ne vous pose presque pas voire aucune question et accepte la vente de suite ;
– il ne parle pas de l’avenir du chiot, ne cherche pas à garder un contact ;
– il n’a pas établi de contrat ;
– il propose un échelonnement du paiement et/ou une « livraison » du chiot ;
– si le feeling ne passe pas, que vous ne vous sentez pas à l’aise, que vous ne trouvez pas un cadre familial, chaleureux et engageant, n’insistez pas !
Malgré tous les efforts du monde, d’un côté comme de l’autre, le risque zéro n’existe pas. On peut faire des erreurs de jugement et l’éleveur peut s’avérer être différent de ce qu’il nous a paru être. Et même issu d’un élevage sérieux, aucun chien n’est à l’abri d’une pathologie foudroyante, à n’importe quel âge. La génétique est tout bonnement bien trop complexe pour pouvoir tirer des conclusions simples et négatives au moindre désagrément. Il faut aussi bien être conscient que ce n’est pas le seul critère qui entre en compte dans la santé et la longévité d’un chien. D’autres éléments viennent s’ajouter à l’équation : l’environnement, le mode de vie, l’alimentation et bien sûr, le hasard.
Mais alors… qu’en est-il des non LOF ?
Se tourner vers des chiens LOF, dans des élevages sérieux, par conviction et par amour de la race, c’est bien… mais que vont alors devenir les chiens non LOF ?!
Pas de panique, les chiens non LOF bénéficient généralement du même amour, du même respect et des mêmes attentions que les chiens LOF. Il n’y a aucune différence entre eux dans la vie quotidienne. Les sentiments n’ont rien à voir avec le sujet, il faut seulement se poser les bonnes questions pour leur avenir et elles sont liées à deux points importants : la reproduction et l’abandon.
Un chien peut être non LOF soit parce qu’il n’aura pas été confirmé au LOF (non conforme au standard ou non présenté devant un juge) – auquel cas on dit qu’il est issu de LOF – soit parce qu’il est issu de croisements, que les ascendants soient d’un même type de race ou pas. Dans les deux cas, mieux vaut ne pas les faire reproduire car cela présente trop de risques. En effet, sans aucune information concernant leur lignée, impossible de faire un travail de sélection sérieux qui permette d’éviter des conséquences négatives pour la race. Comment appréhender la longévité, la santé, le caractère, etc ? Pour les cas de croisement, on ajoute encore plus de hasard et potentiellement des problèmes supplémentaires puisqu’on cumule les faiblesses de plusieurs races.
Pour la question de l’abandon, elle fait suite à la reproduction. La plupart du temps, ce genre de portée n’est pas désirée ou faite de manière complètement égoïste (pour l’argent ou par plaisir personnel). Les connaissances et les compétences liées à l’élevage sont donc souvent inexistantes et on observe alors des lacunes en terme de socialisation des chiots et de leur placement dans des familles adaptées. Du fait de leurs prix bas, ils sont plus facilement plébiscités par des adoptants mais également plus facilement abandonnés à la première occasion (divorce, allergie, vacances, problèmes d’éducation, frais devenus trop lourds au quotidien, maladie inattendue et coûteuse, chien trop gros, etc). Il suffit d’observer les refuges et les associations pour en avoir la preuve, on voit bien que la majorité des chiens abandonnés sont des chiens non LOF mais aussi régulièrement des chiens LOF provenant d’animalerie, de salon du chiot, de particuliers inexpérimentés ou d’élevages peu recommandables.
Alors certes, rien ne vous empêche techniquement de faire saillir un chien non LOF. Mais il faut être conscient de ce que cela implique et penser au chien avant toute chose : quel intérêt pour le chien comme pour vous ? quel avenir pour lui ? Quel avenir pour les races que nous aimons tant ?
Mélanie Tiberghien, simple passionnée
Sources :
– La Société Centrale Canine
– L’Association Française des Bouviers Suisses
– Information Santé Inu
– 30 Millions d’Amis